Il est difficile de donner une définition exacte de ces différents termes parce qu’ils ont, au cours de l’histoire, désigné des styles qui ont pu beaucoup évoluer.
L’opéra-comique
L’opéra-comique est le descendant de la commedia dell’arte et contrairement à ce que son nom laisse supposer, il ne traite pas nécessairement de sujets légers ou comiques. On le distingue principalement de l’opéra par l’alternance de textes chantés et parlés.
L’opéra-buffa
L’opéra-buffa, venu d’Italie, ne contient pas de parties parlées, mais il reprend des motifs satiriques et des airs enjoués tout en ayant une finalité morale. Il se veut moins sérieux que l’opéra, mais s’appuie souvent sur des thèmes compliqués et des personnages tirés de la littérature savante.
L’opérette
L’opérette se veut moins ambitieuse que l’opéra-comique ou que l’opéra bouffe à cause des réglementations théatrales qui encadraient les productions en France. Le livret devait être court et le nombre de chanteurs sur scène était restreint. Mais avec le temps, ces contraintes deviennent obsolètes et les opérettes sont de plus en plus ambitieuses, ce qui, dans la forme, les rapproche de l’opéra-comique. Dans le fond, l’opérette ne se prend pas au sérieux : elle n’a souvent pas d’autre but que de distraire et relève plus souvent du vaudeville que de la véritable satire.
L’opéra-bouffe est un savant mélange des styles précédents. Le terme est utilisé par Offenbach pour désigner des œuvres qui se veulent plus ambitieuses que les opérettes sur le plan musical. De même, le livret porte souvent sur la satire et la parodie des thèmes sérieux abordés dans l’opéra sans tomber dans des sujets aussi légers que ceux des opérettes.
https://www.oyakephale.fr/wp-content/uploads/2023/05/Jacques_Offenbach___Andre_Gill_Gill_Andre_btv1b8423247n_1-copie-scaled.jpg23552560Oya Kephalehttps://www.oyakephale.fr/wp-content/uploads/2024/10/Site-web.pngOya Kephale2023-05-21 18:17:212024-05-21 18:20:02Opéra-comique, opéra-bouffe, opérette, quelle différence ?
On apprend aujourd’hui, dans les classes d’art lyrique, à placer sa voix pour le chant… lyrique. Cette technique convient pour l’opéra, la cantate, l’oratorio ou encore pour le lied. Le chanteur y travaille pêle-mêle l’agilité des vocalises, la plénitude du legato, la précision de sa diction, la richesse du timbre, ou encore la justesse de l’expression.
Mais l’association du mot “lyrique” à la voix chantée est assez récente. Construit sur le mot “lyre”, le lyrisme dépeint aussi et avant tout le moyen d’expression du poète.
De la lyre d’Homère à celle d’Orphée, l’instrument est fondateur de la poésie occidentale. Voici une petite histoire du mot “lyrique”.
La lyre antique
Pierre Narcisse Guérin, Homère charme Glaucus par ses chants,
vers 1810, dessin, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts.
Les premiers emplois du terme “lyrique” qualifient d’abord le poète “faisant des poèmes destinés à être accompagnés avec la lyre »1. Ce lyrisme est surtout d’ordre poétique et a pour objet l’expression de la vie intérieure.
Il faut s’imaginer un aède du monde antique, déclamant à Delphes les grandes épopées, une lyre à la main. L’instrument pouvait comporter 3, 5 ou 7 cordes en tendons et était parfois amplifié par une peau tendue sur une carapace de tortue.
L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, épopées fondatrices de la littérature, sont constituées de “chants” qui, bien que versifiés, n’étaient probablement pas entièrement chantés, mais plutôt situés quelque part entre la déclamation et le chant.
Le saviez-vous ? Le Conservatoire National de Musique et de Danse s’appelait jusqu’en 1934 Conservatoire de Musique et de Déclamation.
La naissance de l’opéra
Au début du XVIe siècle, le mot lyrique change de sens pour désigner les poèmes destinés cette fois à être “chantés avec accompagnement de la lyre”1, puis simplement “propres à être chantés”1 à la fin du XVIIe.
Une révolution musicale s’opère dans l’Italie de la Renaissance, avec l’avènement de l’opéra, et notamment l’Orfeo de Monteverdi, créé en 1607 à la cour de Mantoue .
La Camerata fiorentina, cercle composé de poètes et de musiciens florentins, appelle de ses vœux un stile recitativo, pour s’opposer au style de l’époque, estimé trop polyphonique : on reproche au chant choral de nuire à la bonne intelligibilité du texte.
“Pourquoi faire chanter par quatre ou cinq voix des textes que l’on ne peut comprendre alors que les anciens faisaient vibrer les passions les plus vives par le seul effet d’une voix soutenue par la lyre ? »2 Vincenzo Galilei, membre de la Camerata fiorentina
La figure d’Orphée
Orphée, muni de sa lyre, est emblématique de l’art lyrique. Chacun en son temps, les compositeurs Monteverdi (1607), Gluck (1762) et Offenbach (1858) se sont emparés du mythe pour en écrire un opéra.
Selon la légende, Orphée se rend aux enfers pour ramener l’infortunée Eurydice dans le royaume des vivants. La porte des enfers est gardée par de multiples spectres, furies et autres larves. S’armant de courage, le jeune musicien les attendrit de son chant et accède aux champs élyséens pour y retrouver Eurydice.
La figure d’Orphée dans l’opéra concilie les deux sens du mot lyrique : il est à la fois poète et musicien.
Orphée et Eurydice, Wq. 41, Act 2 Scene 1: Air, « Laissez-vous toucher par mes pleurs »
Dans cet extrait d’Orphée et Eurydice de Gluck (ré-orchestré par Berlioz en 1859), la lyre est figurée par la harpe et les cordes en pizzicato.
Inaugurant le style satirique qui fera son succès, le malicieux Offenbach, accompagné de ses complices Crémieux et Halévy, parodie le mythe dans Orphée aux enfers.
Eurydice ne dissimule pas sa joie de se séparer enfin de son mari musicien, qui lui casse les oreilles. Cette fois-ci, le malheureux Orphée ne joue pas de la lyre, mais du violon.
Extrait du livret :
Orphée, avec passion
Ô roi des cieux et de la terre,
Vois ma douleur et ma misère,
Ma tristesse et mon abandon !
Je viens te demander justice.
Diane, sur le motif de Gluck
On lui ravit son Eurydice.
Orphée, continuant sur son violon.
Et le ravisseur, c’est Pluton !
De la même façon que chez Gluck, Orphée cherche à récupérer son Eurydice par son chant et son violon. Seulement, il constitue cette fois-ci le dindon de la farce, et on le tourne en dérision.
Il est amusant de constater la disparition de la lyre dans l’art lyrique d’aujourd’hui, ou plutôt sa métamorphose en piano, dans le cadre du lied, ou en orchestre symphonique. Si on peut reconnaître un écho des déclamations homériques dans les mélodrames3, l’opéra a pris quant à lui le relais du chant modulé d’Orphée.
1 “Lyricus”, Französisches Etymologisches Wörterbuch – Retour vers la suite du texte 2 V. Galilei: Dialogo della musica antica et della moderna (Florence, 1581/R) – Retour vers la suite du texte 3 Un mélodrame est une œuvre dramatique où le texte déclamé est accompagné de musique instrumentale. On trouve aussi des passages en mélodrame au sein des opéra-comiques ou des opéra-bouffes. – Retour vers la suite du texte
Sources
Christoph Willibald Gluck, Pierre Louis Moline, Orphée et Eurydice, 1774
Jacques Offenbach, Ludovic Halévy, Hector Crémieux, Orphée aux enfers, 1858
Ingénieur du son, membre d’Oya Kephale depuis 2014, tromboniste ténor et ténor tout court, Lucas connaît les coulisses de l’opérette mieux que personne. Quand il n’est pas derrière son pupitre ou ses micros, on trouvera ce musicien féru de Bach et de Richard Strauss plongé dans un roman, rêvant à une vie paisible à la campagne entouré d’épagneuls bretons.
Passionné par la communication, Xavier n’a pas son pareil pour dynamiser un collectif. Facilitateur de contacts, il excelle à mettre en liens, le chœur, l’orchestre, le public… et la technique. Dire qu’il est venu au chant, par la conduite accompagnée. Le ténor accompli a surpassé l’apprenti conducteur !
https://www.oyakephale.fr/wp-content/uploads/2023/03/Dictionnaire.jpg408612Lucas Derodehttps://www.oyakephale.fr/wp-content/uploads/2024/10/Site-web.pngLucas Derode2023-05-05 17:40:592024-04-16 15:08:29Que veut dire le mot “lyrique” ?
« Oya Kephale » (prononcer oya kéfalé), est extrait d’un couplet d’Oreste dans La Belle Hélène (1ère opérette réalisée par la troupe en 1995). Ces mots de grec signifient « Quelle tête ! », sous-entendu “Quelle tête il fait !”
En 1864, date de la création de La Belle Hélène, le public du théâtre des Variétés était semble-t-il suffisamment lettré pour comprendre ce passage. Kephale comptait probablement parmi les premiers mots de grec que l’on apprenait.
Voici le contexte :
Oreste, fils turbulent d’Agamemnon, entre dans le temple de Jupiter accompagné de “dames de Corinthe” – comprendre : des femmes de petite vertu. La Reine Hélène, et surtout le grand augure de Jupiter, Calchas, sont quelque peu gênés de leur arrivée dans le lieu sacré.
Extrait du livret :
HÉLÈNE, se retournant vers la droite avant d’entrer dans le temple.
Tiens ! il est avec Parthénis… Elle s’habille bien, cette Parthénis ! Il n’y a que ces femmes-là pour s’habiller avec cette audace !
Entrée d’Oreste, entrée vive et bruyante. Une petite troupe de joueuses de flûte et de danseuses accompagne Oreste, Parthénis et Léæna. Toute la bande se précipite sur Calchas et l’enveloppe.
CALCHAS, regardant à droite.
Et dire que c’est le fils d’Agamemnon, le fils de mon roi !…
TOUS.
Ohé ! Calchas ! ohé !
ORESTE, à Calchas (chanté).
Au cabaret du Labyrinthe
Cette nuit, j’ai soupé, mon vieux,
Avec ces dames de Corinthe,
Tout ce que la Grèce a de mieux.
(Présentant à Calchas Parthénis et Léæna)
C’est Parthénis et Léæna,
Qui m’ont dit te vouloir connaître.
CALCHAS, passant entre les deux femmes.
Pouvais-je m’attendre à cela ?
Mesdames, j’ai bien l’honneur d’être…
ORESTE.
C’est Parthénis et Léæna !
TOUS.
C’est Parthénis et Léæna !
Danses autour de Calchas sur un accompagnement de flûtes et de cymbales.
Tsing la la, tsing la la !
Oya Kephale, Kephale, o la la !
Tsing la la, tsing la la !
La joyeuse troupe se moque des airs que prend Calchas, qui peine à garder sa dignité au milieu de cette excitation.
Ingénieur du son, membre d’Oya Kephale depuis 2014, tromboniste ténor et ténor tout court, Lucas connaît les coulisses de l’opérette mieux que personne. Quand il n’est pas derrière son pupitre ou ses micros, on trouvera ce musicien féru de Bach et de Richard Strauss plongé dans un roman, rêvant à une vie paisible à la campagne entouré d’épagneuls bretons.
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